« Once upon a time », telle est la phrase inaugurale des contes de fée immémoriaux qui finissent bien en général. C'est précisément de ce happy-end dont ce diptyque souhaite se faire l’écho.
Cette oeuvre s’articule en deux temps distincts qui se lisent de gauche à droite. Tous deux sont cependant unis fortement par le mouvement continu qui se poursuit d’une toile sur l’autre, par le jeu de lumière jaune central qui projette un éclairage particulier sur cette zone frontière ainsi que par le fond gris en bas du tableau qui s’étire et se déploie de part et d'autre.
Au-delà de cette cohésion donnée à l’ensemble se construit une narration impulsée par le titre même de l’œuvre.
Ce conte de fée moderne s’inscrit dans la série inspirée des Etats Unis et de « l’American dream » qui devient réalité.
La toile de gauche est dominée par l’obscurité, le noir qui tend à envahir l’espace. Le noir de façon manichéenne représente les pesanteurs qui nous empêchent d’avancer : tristesse, déception, colère, jalousie, insécurité, peur. En haut et à gauche surgit un «blablabla » multiforme qui part en tout sens et se déverse sur la toile. Ce peut être le blablabla de toute procrastination : des rêves évanescents que l’on a et pour lesquels au lieu d’éprouver de l’énergie pour la mise en œuvre, on ne ressent que des regrets ou des remords.
Le regard peut alors se porter sur le second mouvement du tableau qui est plus lumineux et plus fluide aussi. Les prémices présentes de façon ténue et subtile dans la toile de gauche en l’espèce des touches rouges et jaunes qui y sont essaimées, s’enflent et se gonflent dans la deuxième partie du diptyque pour devenir la composante de couleur essentielle. Le rouge de la ferveur, du dynamisme, de la mise en mouvement triomphe. La flèche montre le chemin d’accès à la conscience qui seule permet de s’engager dans le mouvement et dans l’action, ce dont témoignent les expressions : « Let’s do it » ou encore « start over ».
J’aime l’idée très américaine que chacun a sa chance et que chacun a le droit à l’erreur. Avant de réussir, on se doit d’essayer et d’essayer encore, de s'engager progressivement ce que montre le "step by step" inscrit en bas du tableau. C’est la raison pour laquelle le « O » over est magnifié et se distingue des autres lettres par la couleur rouge qui lui confère une énergie nouvelle. La ténacité et l’endurance sont deux vertus qui mènent au succès.
Place au rêve qui se concrétise et dont nous sommes en partie maitre, place au conte de fée dont nous sommes les héros du XXIème siècle.